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22 mars 2016

Douleur chronique : un nouveau centre de traitement pour le nord du N.-B.

Une nouvelle clinique pour traiter la douleur ouvrira bientôt dans le nord-est du Nouveau-Brunswick, comme l’exigent depuis longtemps des professionnels de la santé et des patients qui souffrent de douleur chronique.

Un texte de Julie-Anne Lapointe

Le centre à Bathurst sera géré par une équipe du Réseau de santé Vitalité dans la zone Acadie-Bathurst. La clinique pourrait accueillir ses premiers patients dans quelques mois, dès juin si tout va comme prévu, selon le porte-parole du Réseau de santé Vitalité, Luc Foulem.

Dr Richard Dumais

Dr Richard Dumais

PHOTO : ICI RADIO-CANADA

L’objectif d’un tel centre est d’offrir des soins multidisciplinaires offerts notamment par des physiothérapeutes, des infirmières praticiennes, des psychologues et des anesthésistes.

À l’heure actuelle, le Réseau de santé Vitalité compte une seule clinique de la douleur, située au Centre hospitalier universitaire Dr-Georges-L.-Dumont de Moncton. Le centre accueille des patients de partout au Nouveau-Brunswick.

Le Dr Richard Dumais, de la Clinique de douleur de Moncton, croit qu’il y a un besoin pressant d’ouvrir d’autres centres contre la douleur au Nouveau-Brunswick.

« Ce n’est pas une médecine qui est facilement faisable par Skype ou à distance. C’est pénible de dire à quelqu’un de faire cinq heures de voiture quand embarquer dans sa voiture est douloureux. Ce n’est pas très productif et même, ça nuit au traitement », explique le Dr Dumais.

Qu’est-ce que la douleur chronique?

  • La douleur est dite « chronique » quand elle persiste au-delà de la période de guérison, « à partir du moment où [elle] reste plus de trois à dix semaines », explique le Dr Dumais.
  • La douleur ressentie peut être constante ou intermittente.
  • Le mal le plus fréquent est au bas du dos, suivi du genou et des épaules, selon la Coalition canadienne de la douleur.
  • Il s’agit de la raison la plus fréquente pour laquelle les gens consultent un médecin au pays.

Une personne sur cinq souffre de douleur chronique au pays, y compris en Atlantique.

C’est un gros problème. C’est 20 % de la population. En coût de souffrance, c’est énorme.Une citation deDr Richard Dumais, Clinique de douleur de Moncton, N.-B.

Le poids du problème, c’est toute la population qui le porte sur ses épaules, selon le Dr Dumais.

« Juste au niveau du coût en souffrance, c’est énorme. Si on creuse et on regarde les finances, ce que ça coûte à la province, c’est énorme. En journées manquées, mariages brisés, familles brisées. Des gens font des faillites parce qu’ils ne peuvent plus travailler. Le coût est énorme », soutient-il.

Patienter des années pour guérir

Le Dr Dumais souligne que la clinique de Moncton n’arrive pas à répondre à la demande accrue de patients en attente de traitements spécialisés. La liste d’attente pour être admis au centre est d’au moins un an, parfois plus.

Julie Levesque, de Moncton, a attendu quatre ans après un accident de voiture avant d’obtenir un rendez-vous à la clinique. Pendant ce temps d’attente, elle n’a eu d’autre choix que de compter sur les médicaments pour fonctionner dans la vie de tous les jours.

« Après cet accident, tout a changé. Je n’ai jamais eu de journée sans mal, j’ai dû apprendre à vivre avec le mal chronique », explique Julie Levesque.

Après son accident, les médecins ont dit à la jeune femme active qu’à 27 ans, elle ne pourrait plus jamais faire de vélo de montagne. Elle aurait mal toute sa vie.

Julie LevesqueJulie Levesque

PHOTO : ICI RADIO-CANADA

Les médicaments ont été ses seuls alliés contre la douleur, en attendant une place à la clinique de douleur. « Après une journée de travail, je ne pouvais plus rien faire. Je devais prendre mes médicaments. Je ne voyais pas d’avancement à régler mes problèmes », raconte-t-elle.

Ce moyen d’atténuer temporairement la douleur s’est avéré puissant et dévastateur. Les médicaments l’ont rendue malade. Elle a fait des réactions allergiques et a dû être hospitalisée.

Les premières années, tu perds espoir, tu te décourages. Les moments viennent. Même ça arrive encore aujourd’hui. Des journées, j’ai beaucoup de mal.Une citation deJulie Levesque, victime de deux accidents de la route

Mais neuf ans plus tard, Julie Levesque fait de la course à pieds, du ménage et s’occupe de son enfant de cinq ans, des choses qu’elle n’aurait jamais cru possibles quand elle prenait des médicaments.

Ses traitements en clinique, qui incluent des injections d’eau et de sucre dans ses muscles, lui ont permis de réduire considérablement ses doses d’anti-douleur. Son corps a tranquillement réappris à bouger, en dépit du mal.

« J’ai encore le mal à tous les jours, je dois vivre avec [la douleur]. Mais ça m’a permis de pouvoir développer une vie plus normale », soutient-elle.

La douleur chronique : aperçu en Atlantique

  • Environ 460 000 personnes sont touchées par la douleur chronique
  • Les coûts associés à la douleur chronique sont d’environ 7 milliards de dollars

Des groupes de soutien pour combler un besoin

La région atlantique compte plus d’une vingtaine de groupes de soutien contre la douleur chronique. Ces groupes se rassemblent quelques fois par année pour partager des moyens d’atténuer le mal et pour témoigner des défis que comportent la douleur au quotidien.

La coordonnatrice du groupe de Moncton, Winnie Cormier, a lancé l’initiative dans la région l’an dernier. Le groupe le plus près d’elle se trouvait jusque là à plus de 100 km de distance, à Miramichi.

« Beaucoup des gens qui viennent ici sont vraiment tristes. Ils ont perdu une partie de leur vie. Peut-être que ça ne va jamais changer. Qu’est-ce qu’on peut faire? On ne peut pas les guérir », explique Mme Cormier.

Ces groupes se forment à défaut d’être capables d’obtenir l’aide et l’appui nécessaires des professionels de la santé, explique Mme Cormier. Elle estime que les patients se sentent souvent laissés à eux-mêmes.

Une femme fait de la course à pied

PHOTO : ICI RADIO-CANADA

« Le monde avec qui on parle, le personnel médical, ne comprend pas. Ici, tout le monde comprend ce que c’est, le mal chronique », souligne-t-elle.

La coordonnatrice croit que les réseaux de santé des provinces atlantiques devraient offrir davantage de ressources aux gens qui souffrent de douleur chronique. Elle croit que les professionnels de la santé devraient être mieux outillés pour répondre à leurs questions et plus intéressés à trouver des moyens d’améliorer la situation du patient sans chercher simplement à apaiser sa douleur de façon temporaire.

Mme Cormier veut lancer d’autres groupes de soutien à Dieppe et à Riverview pour répondre à la demande dans la région.

Si le système de santé ne parvient pas à régler tous leurs maux, elle espère que l’entraide pourra au moins redonner courage à ceux qui souffrent au quotidien.

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